mercredi, mars 14, 2007

Une manière de se déculpabiliser?

Suite à cet article :
R�flexion et Philosophie: 3h du matin...

Parmi les commentaires de ce billet évoquant la méchanceté humaine, un a retenu mon attention plus particulièrement, parce que je ne pouvais admettre ce qui y était dit : à savoir que l'humain n'a guère le monopole de la cruauté gratuite...


J'ai fait mes propres recherches, et suis entrée en contact avec un homme, Jean-Yves Collet, qui a passé de longues périodes avec les Grands Singes. Il m'a apporté son point de vue, que j'estime primordial, puisque découlant d'une observation directe, et non d'une déduction d'après lectures...

Dans un premier temps, voici pour rappel, le commentaire de Febronio (ne m'en veux pas Febronio, mais ce sont là les règles du débat public! Moi aussi, tu vois, je suis allée chercher loin ! J'attends avec intérêt ta réaction:-)) :



"Febronio said... Ah, désolé Cheb, certains primates (autre que nous) sont omnivores. Les chimpanzés en particulier qui vont même jusqu'à chasser l'antilope (je ne sais pas quelle marque de 4x4 ils utilisent, par contre). Les plus proches cousins que nous connaissons sont comme nous des êtres sociaux, se transmettant leur culture (ils n'ont pas peint la Joconde, mais il y a bien des cultures différentes selon les régions), et comme nous ils connaissent les joies du cannibalisme*, du meurtre et même du génocide. Une preuve s'il en fallait encore que les chimpanzés sont très très proches de l'homme.
Mon primate préféré c'est le bonobo qui règle ses conflits par le sexe... Comme il a raison... :D"

Et ensuite le texte de Jean-Yves Collet :

"En relation avec le commentaire reçu sur votre blog, je voudrais vous dire que je rencontre régulièrement des personnes qui semblent assez satisfaites de constater que les pires défauts des humains ne sont pas uniquement présents chez nous mais également chez quelques cousins du monde animal. Une manière de se déculpabiliser ? J’ai refusé il y a quelques années de réaliser un film pour un producteur américain qui désirait comparer les techniques guerrières des fourmis et celles de l’armée américaine (ils avaient même contacté un général tacticien du Pentagone qui avait supervisé la Guerre du Golfe et qui était OK pour participer au film). Faut-il vraiment aller chercher dans la nature matière à nous déculpabiliser de nos propres violences ? J’ai toujours pensé qu’il était préférable de nous transformer nous-mêmes…

Concernant les grands singes, et particulièrement les chimpanzés, il a été observé dans le Parc National de Gombé en Tanzanie que les mâles d’un certaine communauté partaient faire des raids dans la communauté voisine inférieure en nombre : il semblerait qu’ils aient éliminé tous les mâles pour récupérer les femelles et les intégrer à leur groupe. Cette observation date d’il y a plus de 20 ans… Je ne suis plus au fait de l’actualité en matière de primatologie, mais je n’ai jamais entendu parler d’autres observations de ce genre. Les chimpanzés sont capables de chasser d’autres espèces de singes (en particulier des colobes) en coopération, peut-être l’antilope mais je ne connais pas l’info.

Quant à la transmission de la culture, cela reste de la « proto-culture » : fabrication d’outils de première génération, etc, et reste très localisé dans l’espace.

Pour résumer mon impression : au niveau comportement, on trouve de tout dans la nature, on peut y justifier n’importe quelle philosophie et il est trop facile de faire des raccourcis. A l’époque du début du capitalisme et du darwinisme, Marx et Engels ont échangé des centaines des lettres pour justifier le futur communisme sur la base du darwinisme, et dans le même temps, ce même darwinisme servait de base aux justifications de l’inégalité due aux principes capitalistes.

Ce qui m’intéresse, c’est toujours de savoir pourquoi quelqu’un cherche à justifier tel ou tel comportement humain en se basant sur des comportements animaux. Qu’est-ce qui fait dire à l’auteur du commentaire que les chimpanzés connaissent les « joies » du cannibalisme ? Quant à l’emploi des mots « meurtre » et « génocide »… trop facile de faire des raccourcis… Pour avoir passé de longues années en compagnie de nos magnifiques cousins dans la nature, je peux vous assurer que ces deux mots sont réservés aux humains… et encore, à certains humains, heureusement !

Cordialement,"

______________

Jean-Yves Collet

Réalisateur / Wildlife Film Producer

notre site :

http://www.jeanyvescollet.com


*les mots en italiques sont ceux qui m'ont parus inappropriés et m'ont de ce fait heurtée.

13 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Quelques part cela me rassure de savoir que seul l'être humain est capable de cruauté...En même temps ce qui différencie l'homme de l'animal devrait être sa capacité de respecter et protéger toutes formes de vie..Nous en sommes trés trés loin, mais certaines personnes ont heureusement cette "noblesse d'âme" ce qui me rends les "contacts humains" plus supportables.

14 mars, 2007 15:19  
Anonymous Anonyme said...

eh...c'est quand me^me bizar de chercher des excuses pour des comportements 'humains'" dans ce que l'on considère inférieur à nous...on est pas supposé être supérieurs aux animaux alors? Ou on l'est seulement pour les "bonnes" choses et pour las mauvaises on cheche chez eux? Bizar quand même l'être "humain"

14 mars, 2007 18:05  
Blogger Thalys said...

Deuxième essai de mettre mon commentaire, firefox bug!

Alors, pour Zara, je me suis fait exactement la même réflexion. C'est suivant ce qui arrange certain que nous ressemblons ou pas aux animaux, qu'on leur est supérieur ou égaux!!

Et comme toi, Raksha, la seule prétendue supériorité de l'homme devrait être de protéger la vie et non pas de la détruire!

14 mars, 2007 19:46  
Blogger Névrosia said...

:-))) Bravo pour ta quête d'informations.

14 mars, 2007 21:55  
Anonymous Anonyme said...

Oui, il EXIXTE des humains capables d'humanisme ; j'en connais.

15 mars, 2007 09:28  
Blogger Febronio said...

Bravo Thalys pour ton opiniatreté, mais il y a erreur...(Regardez moi ce faux cul qui va essayer de se justifier péniblement :) ). D'abord, j'accepte avec grand plaisir les règles du débat, et ton appel à M. Collet en réaction à mes commentaires me flatte vraiment, tout comme ses commentaires d'ailleurs. Je vous en remercie sincèrement tous les deux.
A aucun moment je n'ai voulu déculpabiliser quoique ce soit en me basant sur un quelconque comportement animal. Ma réflexion était, au contraire, de réagir à certains commentaires "humanisant" la nature exempte de toute violence. Je ne me satisfait pas de reconnaître des comportements humains dans la nature, pareillement je ne m'en offusque pas non plus(l'expression "les joies du cannibalisme" tient plus de mon style rédactionnel qu'une quelconque opinion sur le sujet, pardon à ceux qui ne me connaissent pas). Je n'ai pas non plus voulu justifier quelque idéologie que ce soit. Surtout que comme le rappelle M. Collet des parallèles hasardeux ont abouti à des concepts douteux. On peut citer également l'eugénisme comme l'application un peu rapide à l'homme du Darwinisme (par le neveu même de Charles). Il est donc pour moi inconvenant de mélanger éthologie et éthnologie, que ce soit pour "justifier" que l'homme est un animal comme un autre ou pour citer la nature en exemple face à des comportements humains jugés justement inhumains.

Je suis vraiment impressionné par l'intervention de M. Collet, j'avoue avoir longtemps chercher autre part que dans ma mémoire trace de cette observation de l'"enlèvement des Sabines" façon simiesque (Vraiment, j'exagère avec mes parallèles à la con). Selon moi, l'observation objective des comportements des grands singes (ou de n'importe quel animal) est primordial non seulement pour comprendre leur mode de vie mais aussi (et surtout) pour mieux proteger les espèces qui n'ont plus d'autre choix que de cohabiter avec nous.
Alors, oui les grands singes sont très proches de l'homme, même sur des critères humains, ça n'en fait pas des animaux plus détestables, tout comme ça ne fait pas des hommes des humains plus acceptables.
Si les fourmis seraient pour le Pentagone plus efficaces en Irak, il y a fort à parier qu'elles ne sauraient quoi faire du pétrole qu'on y trouve. Nos violences sont les nôtres, et si par hasard on peut observer quelque violence similaire dans la nature, ça ne nous libère pas de l'obligation d'améliorer nos comportements.

Encore une fois, je répondais juste à un commentaire disant que manger de la viande de la viande nous rendait méchants. J'avoue avoir fait un peu déraper le sujet. Mais après l'effort de Thalys, pour mettre les choses au clair, je le regrette pas.

Alors merci beaucoup Thalys, merci aussi à M. Collet d'avoir apporter ses connaissances (et d'avoir fait l'effort de me lire), et merci aux règles du débat qui m'ont permis de mieux m'expliquer.

Fébronio

15 mars, 2007 14:20  
Anonymous Anonyme said...

C'est moi qui disait que la viande rendait méchant. C'est sur moi qu'il fallait cogner, mince ? Vous me direz, j'ai beau être carnivore, je ne suis pas plus méchant que ça. Regardez Sarco : il ne boit pas de vin ; est ce que ça le rend plus gentil ? C'est qui qui fait les parralèles les plus hasardeux ?

15 mars, 2007 14:35  
Blogger Thalys said...

S'il suffisait de ne pas manger de viande, de ne pas fumer ni boire une goutte d'alcool pour être "gentil", d'une part, ça se saurait, et d'autre part, il n'y aurait plus de problème, la solution étant à portée de tous.
Sauf que ce n'est pas ce que l'on ingère qui nous rend méchant ou pas, mais plutôt ce que l'on sort de nous : nos pensées et nos actes.

Cheb, le végétarisme n'est pas forcément une attaque envers les carnivores, mais le refus de manger la souffrance d'êtres vivants, sans défense, le refus de se nourrir de la haine, de la violence, d'en être acteur et complice.
Si tu manges un poulet fermier (un vrai, attention!) qui a passé sa vie à gambader dans des champs, à voir le soleil, etc à vivre dans son intégrité physique (avec son bec, ses ergots, etc...), avec ses congénères, c'est un autre comportement incomparable, qu'on ne peut te reprocher... Bien que personnellement, même ce poulet-là, je ne le mangerais pas!

Et ne t'inquiète pas Cheb pour Febronio qui est un grand garçon et se débrouille très bien dans le domaine du débat. La preuve est son commentaire qui est à la hauteur de ce que j'en espérais!

Et le post n'est pas en réponse à l'hypothétique méchanceté des carnivores, mais au dangereux parallèle entre les comportements agressifs de certains animaux et ceux complètement destructeurs des humains;-)

15 mars, 2007 15:05  
Blogger Thalys said...

Ah, j'allais oublier :
Febronio, ton commentaire me va. Finalement, c'est un style de langage qui donne à donner plusieurs interprétations contradictoires de ce que tu dis. D'après ton commentaire, ta pensée rejoint celle de Jean-Yves Collet et la mienne, ou bien j'ai rien compris!!!
En plus, sais-tu que tu es en train, à ton insu, de m'initier aux subtilités de la politique! Et que tu parviens à me faire changer mes intentions de vote! Je suis allée à une exposition dans le cadre de la semaine de l'environnement, et je me suis hyper documentée sur la DECROISSANCE. J'ai buché tout ça, tes paroles ont raisonné en moi. J'ai réfléchi, et même si je n'ai que peu d'espoir, je change d'avis.
Ne dit-on pas "qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis?"

15 mars, 2007 15:12  
Blogger Névrosia said...

Eh bien ! Des débats, des échanges d'idées, le respect de l'opinion d'autrui. Voila un bel exemple de démocratie appliquée.

15 mars, 2007 16:19  
Anonymous Anonyme said...

Je sais pas si José aura ses signatures ; je ne m'interdis pas de lui donner ma voix.

15 mars, 2007 17:40  
Blogger Febronio said...

Thalys, je ne t'ai pas initiée à la politique (Regardez-moi, le Jourdain là qui fait de la politique sans le savoir). Mais des fois, je me fais peur un peu quand même...
Effectivement, en regardant bien mes commentaires avant et après l'intervention de Jean-Yves Collet, on pourrait avoir l'impression qu'en matière d'embobinage je suis très fort. En fait, dans mon premier com' je répondais avec un peu d'ironie à Cheb qui n'en manque pas non plus (personne n'en manque d'ailleurs ici). J'avoue avoir forcé un peu le trait sur chimpanzé (par contre, les bonobos règlent bien leurs conflits en copulant, que la société des zoologistes me foudroyent si c'est pas vrai).
Ce que je n'avais pas prévu c'est la réaction de Thalys à mes propos, sinon j'aurais probablement essayé d'atténuer mes propos avec un calembour ou l'histoire des deux marins qui gagnent un singe à la foire (non, non, Névrosia, celle là, je la raconterais pas). Mais quand j'ai vu Thalys en appelé à la grosse artillerie (Pardon M. Collet), j'ai compris l'impact que mon histoire de singe tueur avait eu sur elle. Et finalement, je le regrette pas, j'en suis même honoré. Seulement on ne répond pas à un naturaliste comme à une blague de Cheb (Pardon Cheb). On développe, on approfondie, surtout si mes propos précédents ont suscité une telle réaction. C'était une excellente occasion à ne pas rater, j'ai rarement l'occasion de défendre mon point de vue devant un spécialiste (généralement ça s'arrête juste après qu'ils prononcent la phrase "ta gueule, p'tit con, t'y connais rien").
Voilà, faut que j'arrête sinon on va finir par glisser des bulletins à mon nom dans les urnes, et je vais avoir des problèmes avec le conseil constitutionnel (le droit constitutionel m'intéresse beaucoup moins que la primatologie).

Fébronio

15 mars, 2007 23:15  
Blogger Thalys said...

Febronio, c'est clair, on ne sait jamais comment sera lu et inteprété ce que l'on poste dans nos blogs! C'est le risque inhérent à la publication!

En tout cas, par ce jeu de ricochet, on en arrive à développer nos pensées, les approfondir, et à nourrir nos liens d'internautes. C'est bien comme ça finalement qu'on fait -vraiment- connaissance!
En plus, j'adore lire tes posts, je me régale à chaque fois!Tant pis, tes chevilles gonfleront un peu plus, mais quels styles (au pluriel, forcément!)

16 mars, 2007 16:30  

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